vendredi, septembre 22, 2006

La Finlande et ses cicatrices soviétiques

Avant d´arriver ici, et après quelques lectures sur la question, j´avais bien compris qu´on ne pouvait pas parler de pays scandinave pour la Finlande... vue la proximité géographique et son histoire commune avec la Suède (le suédois est considéré comme langue officielle ici), j´étais étonnée par cette revendication finlandaise à ne pas vouloir entrer dans "le clan des pays scandinaves". Mais en arrivant à Helsinki, un simple regard sur l´architecture des bâtiments rend légitime cette non appartenance: gare, parlement, sénat... les lieux les plus fréquentés de la ville sont encore marqués au fer rouge de la présence russe des années passées. Et même si aujourd´hui le pays est européen et indépendant de toute domination russe, les cicatrices restent visibles.

Un peu d´histoire

Il faut remonter au XIX siècle et au Tsar Alexandre Ier pour voir les premiers signes de la domination russe. Réformes, guerres mondiales, mais aussi guerre civile et soulèvements de gouvernements à répétition vont rythmer l´histoire du pays pendant près de deux siècles. Le pays passait tour a tour aux mains des suédois et des soviétiques, redevenait indépendant, ou rempilait pour une attaque sur son territoire...

Après la seconde guerre mondiale, la Finlande s'efforçât de rester scrupuleusement fidèle à sa politique de neutralité, mais elle n'était pas encore à l'abri des pressions soviétiques. En 1958, Moscou, en interrompant les échanges commerciaux et en rappelant son ambassadeur, contribua à la chute du gouvernement de coalition dirigé par les sociaux-démocrates avant de proposer moins de 10 ans plus tard, l'ouverture de consultations militaires.

la gare d'Helsinki

(pour plus d´info, un petit clic =} histoire de la finlande)

L´atmosphère slave non revendiquée

Aujourd´hui ne restent en apparence qu´une cathédrale orthodoxe russe de briques rouges, qui surplombe le port, une statue du Tsar Alexandre II sur une grande place d´Helsinki aux allures néo-romantiques affirmées et quelques immeubles sombres et ternes qui se noient sous un flot d´architectures design modernes où se mélangent bois et verre.

Mais en y regardant de plus près, l´atmosphère Tchékovienne me semble permanente. Si le suédois est langue officielle, elle n en est pas moins critiquée. Beaucoup de finlandais se demandent encore pourquoi elle doit être apprise... J´imagine qu il en va de même pour cette atmosphère slave qui est est présente et pourtant niée... je dirais mal acceptée. L'inimitié envers les Russes est peut être moins culturelle et identitaire que celle envers les suédois mais plus politique : les années Eltsine, le développement de mafias russes dont certains membres viennent ostensiblement dépenser leur argent à Helsinki, l'impression d'insécurité permanente de l'économie russe avec laquelle la Finlande a toujours lié des rapports privilégiés, rendent les Finnois légèrement parano quant à cette ombre russe quelque peu inquiétante… les descentes de vodka de fin de semaines ne les aident sans doute pas à avoir une vision plus claire de la chose!

Les nouvelles tendances d´architecture d´intérieur (qui se rapprochent plus de la culture asiatique que russe ou européenne) sont peut être une volonté de ne pas être identifiée comme une petite Russie, et une manière de se distinguer des autres pays européens.

La construction identitaire d´un pays doit néanmoins se faire avec l´acceptation de ses orgines et de ces imposants voisins. l´affirmation d´une certaine mixité suédo-russe sans rancune reste encore selon moi du domaine de l´utopie en Finlande.

M

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