lundi, octobre 11, 2010

Ode à un pays

Querido Ecuador,

après neuf mois sur ton territoire, je croyais te connaître, t'avoir apprivoisé toi, tes volcans et tes habitants... mais voilà qu'en ce début octobre tu viens me montrer une nouvelle facette de ta personnalité par tes policiers!


Le calme équatorien existe-t-il? Sans doute en haut du Pinchincha ou du Cotopaxi mais au coeur de Quito on a du mal à le voir... La normalité à l'équatorienne passe par
- des avions qui atterrissent si près des maisons, qu'en cours nous sommes obligés de nous taire le temps de leur passage
- des klaxons à tout va dans des embouteillages interminables
-des bus qui fument noirs
-des vendeurs de fruits et légumes sur les bords des routes qui respirent cette fumée
-des enfants qui vendent des mouchoirs et font des acrobaties aux intersections des rues les plus fréquentées


Cette "normalité" si chaotique je l'ai apprivoisée et m'y suis bien habituée au point de la regretter des jours comme hier où tout un coup tout cela disparait en quelques heures pour laisser place à une ville aux rues désertes, à des habitants tous apeurés.

Où es-tu petit enfant qui chaque matin sans le savoir est devenu mon repère? où t'es tu caché alors que les policiers à deux rues de là ont décidé de jouer les gringos armés... Comme tout le monde je prends donc le chemin de la maison pour regarder via un écran ce qui ressemble bien à une série américaine: des tirs dans les rues et sur un hôpital avec un président qui se dit séquestré; des journalistes qui se cachent derrière des véhicules et se mettent en mode caméra infra rouge. Pire qu'en temps de guerre.
A 22 heures, à l'heure où en France les films se terminent, nous avons le droit ici aussi à un "happy end": le président, qui a réussi à s'échapper, fait un discours sur la terrasse du palais gouvernemental. Quelques dégâts collatéraux seront à déplorer mais le chef d'état sort victorieux... on éteint le petit écran.
En bonne européenne, j'appréhende le lendemain.

Au petit matin en ouvrant les yeux j'aperçois à nouveau les avions décoller, les bus fumer et le petit bout de choux sera sans nul doute au premier feu en sortant de la maison.

Equateur tu me surprends encore... au lendemain de ce que tous appellent un coup d'état tu reprends si vite tes mauvaises habitudes, ton chaos quotidien que le chaos le vrai est oublié!
Dans quelques heures je referai la fête dans tes villages... Equateur ou l'art de vivre le moment présent. Dans un pays où les coups d'état sont aussi nombreux que les tremblements de terre ou encore les irruptions de volcans, il faut en effet ne pas perdre de temps à penser au événements de la veille mais bien vivre le jour même. Le vivre intensément comme le font tes habitants en se levant à l'aube pour voir ton soleil briller sur la beauté de tes paysages qui tout à coup m'apparaissent si fragiles.




Equateur, continue à m'émerveiller au point de me surprendre moi même devant tout cela. Je te promets en échange la reconnaissance et le respect de ta pacha mama, "la terre mère" et par cette modeste ode à toi et à tes hommes, je deviens témoin pour ceux de l'autre monde...mon monde.